L'œil du cyclone et l'arc en ciel
Lorsque j'ai eu la chance de faire, plus jeune, quelques maraudes
à la rue, nous pouvions observer et discerner d'avance qui pouvait sortir de
son enfer pour retrouver une vie qui lui plaise.
Il y avait ceux qui maudissaient tout le monde, vivant dans la
plainte, la suspicion, la victimisation. Bien sûr ils avaient de réelles et
bonnes raisons d'être en souffrance, j'en conviens plutôt deux fois qu'une.
Mais leur attitude les desservaient
: le monde entier était coupable, les événements contre eux, "les
autres" étaient trompeurs; "les gens tous pareils" manquaient
ici de charité, là "étaient des moutons", là encore "on les
surveillait" ou "on parlait sur leurs dos" etc. Ils allaient jusqu'à
exiger auprès des passants qu'on leur donne une pièce, ou plus; certains les égueulaient
gratuitement ou vociféraient à leur encontre...
Ceux ci étaient souvent dans la brume de la confusion, de la peur,
l'angoisse, l'accusation, la tristesse... et dégageait de quoi rebuter, faire
peur ou déclencher la méfiance et la fuite.
La mésestime d'eux même était leur lot. Ils voulaient que l'on aime
et respecte leurs différences mais "ne voulaient pas" admettre, aimer
ou respecter la bienveillance de ceux qu'ils croisaient puisque selon eux, ils
participaient à leurs malheurs.
Ils se considéraient piégés dans l'œil
du cyclone.
Puis j'ai rencontré des personnes à la rue, mendiantes qui avaient
toujours le sourire aux lèvres.
Ils demandaient ploiement, essayaient d'être avenant, remerciaient
toujours et ce malgré les larmes et quelques colères.
L'un d'entre eux qui devint un ami proche était doué de "l'esprit d'émerveillement";
il se réjouissait devant chaque trace de beauté: un enfant, un sourire, un levé
ou un couché de soleil, un monument, des pigeons, un don, un bonjour etc...
Bien sûr la facilité et l'orgueil humain aurait tôt fait de le
prendre pour un simplet. Il était loin d'être idiot, au contraire, doué en
français, il m'aida plus tard à corriger mes poèmes et écris. De plus il s'efforçait d'être bienveillant et
charitable.
Il fut aidé et sorti de la rue avec soulagement mais sans changer
en rien son comportement avenant envers les gens, reconnaissant envers Dieu et la
vie. C'était mon ami, il s'appelait comme moi, Didier.
Un autre, vivant à l'écart sous les ponts après avoir perdu, sa famille
dans un accident, puis son travail faute de dépression, était toujours fraternel, avenant, joyeux,
enthousiaste. Il mena le combat contre l'alcool et le vaincu avec fermeté.
Il embellissait ce qu'il touchait et avait créé un jardin sous "son pont". Il avait sauvé
une chienne de la noyade et l'avait nommé "Princesse"; ils avaient
une grande complicité.
Il s'était aussi créé un coin bibliothèque et un coin grillade
pour ses repas, où il invitait à manger ceux qu'il croisait.
Les petits commerces environnant l'aimaient beaucoup et lui
donnaient toujours quelque chose à manger ou d'utile.
Lorsqu'il recevait un poulet ou de la viande, il faisait griller
ce qu'il avait obtenu et s'en allait à la rue chercher celui ou celle qui se
cachait pour lui offrir à manger... Je le nommais "mon St François à la rue"; nous avions beaucoup
d'affection l'un pour l'autre, il s'appelait Joël.
Je me souviens des prénoms des seconds et non des premiers. Je
crois que lorsqu'on a une bonne attitude les gens se souviennent de vous et
votre histoire demeure; vous apportez alors une pierre à l'édifice de l'histoire
humaine.
Il me semble aujourd'hui que j'accompagne du mieux possible les
personnes en souffrance, qu'il a y deux attitudes devant le mauvais sort et les
difficultés, mais une seule opportunité, une seule sortie victorieuse.
Ce n'est pas parce que tu souffres, tu vis l'injustice, que tu te
dois de rester dans l'œil du cyclone.
La meilleure façon de t'en sortir est
d'arrêter de tourner sur toi même et dans le sens de tes idées noires.
C'est là la seule opportunité, l'essentielle victoire à saisir :
en avoir assez mare pour dire "Stop".
En avons nous assez mare de notre
ancienne manière d'agir et de nous comporter ?
Alors que je passais par la porte en
direction de ma liberté,
je savais que si je ne laissais pas
toute la colère, la haine et l'amertume derrière moi,
Je continuerai à rester en prison.
Nelson Mandela
Mais dire Stop et s'arrêter demande à se préparer à un nouveau
départ, une nouvelle direction.
L'attitude intérieure positive demande un grand combat, bien plus
grand que le fait de se laisser aller dans les ténèbres de la pensée négative. Être
positif demande du courage ou de l'innocence, cela demande de retrouver un "cœur
d'enfant".
Celui-ci s'efforce de demander et de remercier, d'accepter puis
d'offrir, de donner de soi gratuitement sans rien exiger en retour. Mais
surtout une telle évolution positive demande de désirer profondément, réellement le changement.
Un "esprit d'émerveillement" s'élance vers le bonheur: savoir entrer et demeurer coûte que coûte
dans la gratitude et le fait de "bénir", c'est à dire de dire/souhaiter du bien aux autres, à soi
même, à la vie, avant même d'en voir les fruits positifs. Et tout cela en posant des gestes en conséquence.
Parce qu' "on reconnait
un arbre à son fruit", on ne tardera pas à "récolter ce que l'on aura semé".
Une attitude bienveillante, avenante,
nourrit par la gratitude, ouvre des voix bonnes et nouvelles ; elle libère le cœur
de l oppression, génère l'enthousiasme, fait renaitre la charité (le partage, le don de soi...)
la foi et l espérance...
Elle aide à fixer le rêve plus que de
focaliser sur le cauchemar.
Elle aide à recherche les solutions
sans relâche.
Elle aide à combattre le stress et
l'angoisse pour chercher et cultiver dans la paix du cœur: une force.
Le monde n'est
pas uniquement fautif de nos malheurs: nous ne maitrisons pas les événements malheureux
mais nous sommes les maîtres de nos
réponses et attitudes.
Nous seuls pouvons essayer de pardonner et faire luire le meilleur
de nous même, pour cela, il faut
poser un choix :
Le vouloir, le décider et s'y tenir chaque matin !
Cela n'enlève
rien à nos souffrances: pas de baguette magique !
Et il n'y a pas
de supériorité intellectuelle à être de mauvaise humeur, vindicatif, critique,
renfermé sur soi et orgueilleux.
Nous pouvons
retrouver la fierté de redevenir des hommes et des femmes debout.
Seul l'amour
peut guérir le monde et le changer en profondeur. Hors l'attitude que je décris
est l'attitude de l'amour.
Réfléchissez y:
est-ce qu'il n'est pas logique à une attitude d'attirer ce qu'elle dégage ?
A une flèche de
finir par atteindre sa cible ? Qu'elle est votre cible ? Le malheur ou le bonheur
?
La flèche de notre vie ira sur la cible de notre choix, celle du
malheur ou celle du bonheur.
La décision fera de nous l'archer.
La juste attitude embrassant d'avance la cible du bonheur, nous
donnera la bonne direction.
Il nous faudra juste ensuite accepter l'entrainement, la
persévérance et, de plus en plus, nos flèches atteindrons le cœur de nos rêves,
de nos relations.
Nous avons tous
des exemples d'hommes et de femmes qui ont été malmené voir brisé par la vie,
personnes handicapées, dans le deuil, l'échec amoureux, l'injustice (etc.) mais
qui brille par leur amour, leur sagesse, leur service.
Ce combat
essentiel, personnel et unique, est le prix du relèvement: il est possible à
réaliser !
Il a comme
finalité la réussite, l'envole pour un bonheur certain:
Nous sommes le temple de ce Soleil intérieur qui crée l'arc en
ciel malgré la pluie: il a pouvoir de luire, même dans l'œil du cyclone. Tout
peut alors renaitre... si tu le veux, si
y crois et si tu agis.
Didier Magne
www.1airdevie.fr
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